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Faire ses semences

Pourquoi produire ses propres semences ?

La co-évolution,

une histoire entre l'humain, la plante et leur terroir

Voici maintenant 10 000 ans, soit prés de 500 générations de 20 ans, nous étions chasseurs cueilleurs. Notre alimentation se trouvait au sein même de notre environnement, nous avions alors une connaissance accrue de la nature.

Nous avons progressivement cessé le nomadisme à mesure que nous avons commencé à cultiver. En effet, cultiver un champ contraint à se sédentariser pour protéger les cultures des animaux sauvages, pour arroser, récolter et récupérer les graines pour l'année suivante. À bien y réfléchir, ce sont les plantes qui nous ont menées à la sédentarisation. Ce changement de mode de vie a fait émerger de nouveaux statuts au sein de la nature. Ainsi, la graine endosse, outre ce qu'elle est, le statut de semence.

Cette transition s'est opérée grâce à la sélection des plantes sauvages par les cultivateurs au fil des 500 générations tout en faisant naître nos premières sociétés. Durant cette période, l'humanité a entamée une co-évolution avec les plantes cultivées. Nous sommes passé d'une alimentation sauvage à une alimentation cultivée.

Au regard du lien qu'il y a entre l'apparition du statut de semence et la mise en place de nos sociétés, il est évident que ce qui est à la base de la production de notre alimentation apparaît comme un Commun, au même titre que l'eau et l'air. Tout être vivant doit respirer, boire et manger. La semence est le troisième Commun indispensable à notre vie étant donné que nous avons quitté le milieu sauvage qui nous nourrissait. De nos jours, revenir à une alimentation sauvage n'est plus envisageable au vu du nombre d'habitants sur terre et à la réduction dramatique des espaces sauvages.

Après guerre, voilà 70 ans, nous nous sommes lancé dans un modèle industriel, dans lequel nous avons confié notre alimentation, notre santé et nos plaisirs à l'industrie afin d'être disponible pour satisfaire une rentabilité économique. Nous avons isolé l'agriculture dans une administration de moins en moins en lien avec le vivant, au profit du PIB qui mène à la mono-culture, à l'effondrement de la diversité et au réchauffement climatique.

Aujourd'hui, ce système nous échappe. L'alimentation et la santé des êtres vivants ne sont plus au centre des préoccupations du système. C'est la valeur de l'action au CAC40 qui prime au point de condamner la biodiversité, celle que nous avons mis 10 000 ans à obtenir. En 60 ans, 75% de la biodiversité cultivée à disparue (1).

Aujourd'hui, 75% des semences potagères vendues dans le monde sont produites par cinq multinationales. Ces méga-industries peuvent alors investir des sommes colossales dans la recherche biotechnologique et le développement de plantes génétiquement modifiées et s'adjoindre les services de cohortes d'avocats pour défendre leurs nouveaux droits de propriété intellectuelle. En confisquant la sélection des semences aux paysans, on a réduit de façon inimaginable le nombre de variétés cultivées ainsi que leur diversité génétique.

Outre le fait de disparaître, les semences paysannes sont sujettes à la biopiraterie. D'une part (2), les brevets déposés sur les gênes natifs par exemple, les rendent propriété de multinationales qui s'accaparent le vivant. D'autre part, les semences des variétés hybrides F1 sont incapables de produire une récolte à l'identique de la précédente. Et que dire des manipulations génétiques tel que les CMS (Stérilité Mâle Cytoplasmique). La méthode consiste à introduire un gêne de stérilité d'une autre espèce afin de rendre stérile la plante : exemple les choux où l'on introduit le gêne de stérilité du radis. Cela concerne 90% des choux que nous trouvons dans le commerce, même en BIO.

Ainsi, nous sommes chaque jour dépossédé de dizaines de variétés.

«Les filières industrielles érodent la biodiversité. Leurs monocultures et leurs produits agrochimiques détruisent la biodiversité et les moyens de subsistance»(3)


Une maison des semences paysannes, (MSP), part de l'idée que la place véritable de la conservation de la semence se trouve dans les champs, entre les mains des cultivateurs, car c'est le seul endroit où elle est à la fois en situation de production, d'évaluation et de conservation in-situ (4).

En ces lieux, il s'agit de collecter, de multiplier et de préserver une partie de ces semences afin d'organiser sa diffusion à des fins de conservation ou de sélection dans les jardins ou dans les fermes. Les MSP vise à protéger et à gérer les semences collectivement et localement pour garantir ensemble que ce Commun reste disponible.

Les semences ont toujours voyagé à travers des tubes digestifs, dans le pelage des animaux, avec le vent et depuis quelques milliers d'années dans nos poches ou nos bourses. Après chaque voyage, elles attendent les conditions qui leur conviennent pour germer, puis, elles doivent s'adapter à leur environnement grâce à leur résilience. Cela demande en général 2 à 5 générations selon les variétés. Pour cela une maison des semences paysannes doit être une initiative ancrée à un territoire afin que les plantes s'adaptent à leur nouvel environnement mais doit aussi favoriser leurs déplacements et échanges. À l'heure du changement climatique, une co-évolution entre l'humain, la plante et le terroir est très important pour stimuler la résilience.

​ C'est dans cet objectif que l'association fait partie d'un réseau national, le Réseau Semences Paysannes (RSP), qui permet ces échanges de graines et de savoir-faire, car chaque semence est caractérisée par un savoir faire qui lui est propre.

Aussi les maisons de semences paysannes sont le socle d'une autre forme d'agriculture basée sur la diversité de producteurs (jardiniers, fermiers, ...), de terroirs, d'acteurs (transformateurs, restaurateurs, …), qui offrent une alimentation diversifiée tout en redynamisant du lien social. Un modèle agricole qui est en opposition au modèle industriel qui nous est imposé (5).

Les MSP sont des outils qui permettent de replacer la base de notre alimentation au sein de notre société au niveau local. Elles sont une articulation entre les consommateurs et les paysans désirant produire une nourriture locale et saine tout en retrouvant notre autonomie alimentaire. Dans ce sens, participer à la préservation de ce Commun de manière collective est un acte politique et faire ses semences est un acte de désobéissance ...

Pour le moment, les pouvoirs politiques, économiques et financiers prônent la déconstruction de l'existant, c'est-à-dire qu'elles ne favorisent qu'une seule culture. Cependant, quelques changements voient le jour. En effet, certains scientifiques, constatant leurs recherches détournées par des industriels, s'engagent dans la voie de la désobéissance afin de préserver le vivant. Enfin, certains paysans sont prêts à modifier leur mode de production en prenant acte de l'échec des semences industrielles. Une graine d'espoir ténue dans un océan de semence orange fluo.

Sources :

Article dans Reporterre : L'effondrement de la biodiversité met en péril l'alimentation mondiale 22 février 2019 de Lorène Lavocat : https://reporterre.net/L-effondrement-de-la-biodiversite-met-en-peril-l-alimentation-mondiale

voir le cas de biopiraterie du Couachi en Guyane à télécharger sur : https://www.france-libertes.org/fr/publication/cas-de-biopiraterie-couachi-guyane/le-cas-de-biopiraterie-couachi-en-guyane/

Voir article InfoGM : https://www.infogm.org/6005-comment-enrayer-erosion-biodiversite-cultivee

conservation in-situ : il s'agit de la conservation d'une plante dans son milieu naturel. Chaque année la graine est récoltée puis resemée l'année suivante, la plante suit le court du temps. Contrairement à la conservation ex-situ ou la graine est conservé en frigo de nombreuses années, de ce fait la plante n'évolue plus avec son environnement, dont le changement climatique.

Voir l'émission Cach Investigation de juin 2019 « Hold up sur nos fruits et légumes »

Le Réseau Semences Paysannes (RSP) : https://www.semencespaysannes.org

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